Grand Jeu CAMERAS GO : repérez-les toutes !

Quelques conseils pour une bonne chasse :

Avant de partir :
– Se munir d’un moyen de prise de notes (carte, smartphone, etc.).
– Regarder la zone que l’on va parcourir sur la carte et noter les caméras qui s’y trouvent déjà, ou suivre la carte directement sur smartphone.
– Se rappeler qu’il n’y a rien d’illégal à relever des caméras !

Sur place :
– Regarder en hauteur pour les trouver (sur des poteaux, angles d’immeubles, etc.).
– Noter celles qui sont toujours là et celles qui n’y sont plus (+ photos).
– Noter les nouvelles qui ne sont pas sur la carte (+ photos).
– Relever si possible certaines caractéristiques : type de caméra (360°, fixe, etc.), hauteur approximative, orientation (vers quelle direction la caméra filme), etc.

Envoyer tout ça par mail à panoptique_caen@riseup.net, on s’occupe du reste !

Pour suivre la cartographie des caméras, rendez-vous dans notre rubrique « Plan des Caméras » ici.

Le but : visibiliser l’omniprésence des caméras en ville et l’atteinte à la vie privée qu’elles engendrent. En manifestation, connaître leur emplacement et les éviter permettrait de fournir moins de renseignements aux forces de l’ordre et de se protéger puisque les caméras servent à ficher et interpeller des personnes.


L’agglomération caennaise est de plus en plus quadrillée par des caméras de vidéosurveillance. 52 caméras sont actuellement installées par la ville de Caen, dont 1 mobile déplaçable à volonté. Le maire Joël Bruneau en prévoit toujours plus : au moins 15 nouvelles seront bientôt positionnées1, sachant que les 48 placées en 2016 avait déjà coûté 1.2 million d’euros à l’installation2. Aux caméras de la ville de Caen, il faut rajouter celles encore plus nombreuses installées par des acteurs privés entre autres. Actuellement, ce sont presque 200 caméras qui sont recensées sur l’agglomération caennaise3 (voir la carte ici).Sur Hérouville Saint-Clair, au moins 70 caméras contrôlent le comportement des habitant-e-s4. Et sur Ouistreham, le maire Romain Bail continue sa politique répressive en renforçant le nombre de caméras jusqu’à une centaine d’ici la fin de l’année et en créant un « centre de surveillance urbain », permettant la verbalisation en direct5. Nul doute que cela servira à traquer les exilé-e-s et leurs soutiens comme c’est fait depuis des années6.

Des villes surveillées, où les problématiques sociales sont résolues par la répression, voilà l’idéologie largement diffusée quel que soit le gouvernement. Depuis le renforcement du marché de la vidéosurveillance7 permis par le plan de déploiement initié par Sarkozy en 2007, le tout-sécuritaire technologique a fait son chemin, particulièrement avec la loi Sécurité Globale adoptée en avril8 :
Multiplication des drones de surveillance et légalisation de l’utilisation de caméras sur ces derniers et sur les véhicules de police (voitures, hélicoptères, etc.).
– Légalisation de l’enregistrement d’images au sein des cellules de garde-à-vue et dans les chambres des CRA9 via des caméras.
Reconnaissance faciale permise depuis 2012, expérimentée à Nice en 201910, et étendue par la Loi Sécurité Globale. L’idée d’imposer cette technologie à la population pour la banaliser provient aussi du lobbying de groupes industriels en vue d’accroitre leurs profits dans ce domaine, entreprises qui voie en la Chine et sa folie sécuritaire une situation enviable11.
– Expériences d’automatisation de la vidéosurveillance pour reconnaître plus facilement des personnes ou situations particulières, dont une est mise en place à Deauville12.
– Etc. etc.

Alors même que nous rentrons dans une crise économique et sociale sans précédent et que l’Etat ferme toujours plus de lits d’hôpitaux en pleine pandémie (200 lits fermés à Caen à l’horizon 2026)13, ce dernier n’hésite pourtant pas à décupler les moyens financiers du Ministère de l’Intérieur et de sa police. Volonté de tripler le budget de ce ministère (avec une augmentation de 3 milliards d’euros entre 2020 et 2025)14, objectif de 10 000 policiers et gendarmes recrutés d’ici 202215, commande de 170 000 munitions de LBD supplémentaires16 : l’argent magique17 existe lorsqu’il s’agit de renforcer le contrôle social et la répression.

Au quotidien et en manifestation, n’oublions pas que la captation d’images a pour effet de lisser les comportements en se contrôlant soi-même et autrui, et sert de preuves pour ficher et/ou faire condamner des personnes. La diffusion publique de ces évènements est importante mais évitons de (se) prendre en vidéo n’importe quand, filmant n’importe qui, et surtout en live. Evitons toutes les caméras de surveillance, qu’elles soient portées par nous-mêmes ou installées en ville ! Alors, avant que la reconnaissance faciale ne soit appliquée aux caméras existantes et pour lutter contre la surveillance de masse et la répression, vous pouvez aider à repérer les caméras de Caen et alentours.


1 Joël Bruneau prévoyait une augmentation de 30% du nombre de caméras de la ville dans son programme pour sa ré-élection en 2020 : Municipales à Caen : Joël Bruneau veut renforcer la sécurité – France Bleu. Ce sera le cas avant fin 2021 : Délinquance, de nouvelles caméras de surveillance bientôt déployées à Caen – Actu Normandie.

2 Caen Mag – Février 2016 # 157. Ce budget ne comprend pas les autres coûts de fonctionnement des caméras (maintenance, déplacements, etc.).

3 Sans compter celles d’Hérouville Saint-Clair.

4 Vidéosurveillance : 15 caméras supplémentaires installées à Hérouville – Actu Normandie .

5 Ouistreham. La Ville compte développer son système de vidéosurveillance – Ouest France.

6 Pourquoi le maire de Ouistreham est soupçonné d’avoir verbalisé abusivement des aidants aux migrants – Ouest France ; Ouistreham : la lettre gratinée du maire à propos des migrants – AG de lutte contre toutes les expulsions

7 Le terme « vidéoprotection » a remplacé « vidéosurveillance » depuis 2008 environ pour rendre cette technologie plus positive après les oppositions émises à l’époque : Quand la « vidéoprotection » remplace la « vidéosurveillance » – Le Monde.

8 Loi sécurité globale adoptée : résumons – La Quadrature du Net.

9 Centre de Rétention Administrative : sorte de prison où la France enferme les migrant-e-s interdits de séjour sur le territoire. En 2019, plus de 50 000 personnes (dont 3300 enfants) ont été enfermées dans les 23 CRA français, enfermement pouvant jusqu’à 90 jours : Rapport national 2019 sur les CRA – La Cimade.

10 Nice expérimente la reconnaissance faciale pendant le carnaval – YouTube.

11 Pour imposer la reconnaissance faciale, l’État et les industriels main dans la main – La Quadrature du Net ; Reconnaissance faciale : le bal des irresponsables – La Quadrature du Net ; Reconnaissance faciale : une technologie de plus en plus utilisée en Chine – YouTube.

12 Carte des projets de technologie de surveillance – Technopolice.

13 Le gouvernement continue de supprimer des lits d’hospitalisation : la carte des hôpitaux concernés – Bastamag.

14 Objectifs définis par le Livre blanc de la sécurité intérieure, feuille de route des politiques sécuritaires pour les prochaines années.

15 Sur la sécurité, Emmanuel Macron veut « plus de bleu sur le terrain » et annonce un « grand débat » sur la consommation de drogues – Le Monde.

16 LBD : « Lanceur de Balles de Défense », arme des forces de l’ordre tirant des projectiles de caoutchouc rigide. Cette arme est responsable de nombreuses mutilations, notamment dans les quartiers populaires et les mouvements sociaux (p.ex. 300 blessé-e-s par le LBD dont 28 éborgné-e-s en 1 an de mouvement Gilets Jaunes).

17 En 2018, Macron affirmait qu’« il n’y a pas d’argent magique » sur le sujet des budgets des hôpitaux : Echange musclé entre Emmanuel Macron et une salariée du CHU de Rouen – YouTube.

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